« Il ne faut pas sauter de repas ! » Comme pour beaucoup d’affirmations implacables, rigides, pareilles à celle que je viens de vous énoncer, il est important avant d’aller plus loin de savoir ce que l’on entend par « sauter un repas ».
Sauter un repas c’est avoir faim mais décider de ne pas manger. Déformée, ou rigidifiée, cette règle devient une obligation à manger. Combien de fois ai-je entendu mes patients me dire qu’ils mangeaient 3 repas par jour « conformément à l’équilibre alimentaire ». Mais, en creusant le pourquoi ils commençaient à manger, les causes étaient rarement sensorielles. Non, ils mangent car « il faut partir le ventre plein », car « c’est l’heure de manger »,…
Lorsque je leur demande d’essayer de ne pas manger au moment du petit dej’ car ils n’ont pas faim et se « forcent » à manger, ils me regardent avec des yeux ronds et me disent « mais, ça serait sauter un repas, et ça, ça n’est pas bien !«
Si mes patients ont ce raisonnement, je me doute qu’ils ne sont pas les seuls, loin de là. Revenons donc à de la biologie pour comprendre un peu les choses.
La sensation de faim dont tout être humain est doté à la naissance, est un signal envoyé par le corps pour faire comprendre qu’il manque d’énergie. Concrètement, le corps a du mal à maintenir sa glycémie dans les zones de référence. Nous ne sommes pas en hypoglycémie, mais si le corps n’obtient pas d’énergie, à la longue, il la subira.
Continuons le raisonnement… le corps exprime par la faim son besoin d’énergie, et plus particulièrement de glucides afin de maintenir la glycémie stable. La réaction satisfaisante est donc de manger, acte par lequel, après digestion, le corps obtiendra l’énergie demandée.
Que se passe-t-il donc lorsqu’une personne a faim mais ne mange pas ? Le corps demande de l’énergie mais n’en n’obtient pas. Etant donné que le corps à des organes gluco-dépendants, c’est-à-dire qui ne fonctionnent qu’avec un apport en glucides, le corps va chercher à obtenir des glucides par tous les moyens. Un de ces moyens c’est de stopper la sensation de faim puisqu’elle n’est pas efficace, puis de trouver des glucides par un moyen détourné. Il va transformer une partie des muscles (des protéines) en glucides. Cette transformation apporte des déchets qu’on appelle « corps cétoniques ». Ce sont ces derniers qui donnent – entre autre – lieu à une modification de l’haleine : on sent l’acétone.
Vous me direz : le corps obtient ce qu’il veut, pourquoi « se prendre la tête ? » Eh bien tout simplement parce que ce procédé fait fondre la masse musculaire. Si ce système est continuellement usité le corps voit fondre sa musculature et du coup la personne voit sa dépense énergétique diminuer, se sent faible, va avoir du mal à se maintenir debout … puisque ce sont les muscles qui, entre autres, nous permettent de nous tenir droit, de marcher, de courir … Ce mécanisme, affaiblit le corps, à la longue.
Donc, pour revenir au vif du sujet, lorsque l’on saute un repas c’est en réalité ne pas écouter sa faim et finalement affaiblir son corps. Pas bien !
Mais à l’opposé, manger lorsque l’on a pas faim c’est apporter de l’énergie à un corps qui n’en demande pas avec tout ce qui va avec, notamment la prise de poids ! En donnant cette énergie à votre corps qui n’en demande pas cette énergie va être stockée ..sous forme de gras.
Si vous n’avez pas faim l’idéal est donc de vous écouter ou plutôt d’écouter votre corps. Pas faim ? Pas manger ! C’est tellement simple qu’on l’a oublié.
Alors la prochaine fois, avant de culpabiliser prenez le temps de vous poser la question : « ai-je faim ou pas ?« .
Bonjour,
Quand je disais que votre blog déborde de bon sens!
Les habitudes de manger « parce que c’est l’heure de manger » sont encore très ancrées effectivement.
En ce qui me concerne j’écoute mon corps (même si quelquefois ses demandes de chocolat noir ne sont pas forcément liées à la faim ;-)), mais le jour où on aura une vraie éducation sur ce sujet, j’applaudirai des deux mains et des deux pieds 🙂